Ciel, ma fertilité !

La fécondité humaine est-elle menacée ? A la Une du Monde, on annonce « l’effondrement de la fertilité masculine ». Preuves à l’appui ! Après avoir signalé, en 2017, la chute de la concentration des spermatozoïdes chez les hommes occidentaux et australiens, des équipes de recherche dirigées par Hagai Levine, de l’Université hébraïque de Jérusalem, et Shanna Swan, de l’école de médecine Icahn à New York, montrent qu’il en est de même pour les hommes d’Amérique du Sud et centrale, d’Asie et d’Afrique. Le déclin du taux de cellules sexuelles aurait même doublé depuis 2000 (2,64 % par an contre 1,16 % entre 1973 et 2018).

Or le nombre et la concentration de spermatozoïdes sont des indicateurs de la fertilité humaine (le nombre d’enfants potentiels). La méta-analyse réalisée (l’analyse de 82 articles répondant aux critères définis par les chercheurs) semble avoir écarté les biais liés à l’échantillonnage et aux méthodes de comptage, mais certains chercheurs continuent à douter de la validité des résultats.

Compte à rebours et retour sur La Fête à Pigou

Récemment, l’Agence européenne des substances chimiques (ECHA) a indiqué qu’un quart des substances chimiques présentes dans les déchets ne remplissent pas les critères du règlement REACH sur l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation des substances chimiques. Plus globalement, l’ECHA a reconnu que des milliers de substances chimiques commercialisées sont dangereuses pour la santé ou l’environnement. La feuille de route qui devait interdire entre 4 000 et 7 000 de ces substances d’ici à 2030 par le jeu d’une révision de REACH a pris du retard avec la décision de la Commission européenne de repousser cette révision à la fin 2023, au mieux. Comme toujours, certains acteurs industriels font en sorte de gagner du temps pour éviter de supporter la réparation de leurs « externalités ». Nous sommes ici au cœur des sujets abordés lors de la Fête à Pigou dont vous pouvez retrouver les idées forces dans la synthèse des six tables rondes que nous publions aujourd’hui ainsi que les actes complets.
 

Mesurer ses impacts pour devenir écocompatible

La réglementation est une chose mais la planification écologique pose les cadres de pratiques cohérentes et protectrices de nos milieux de vie. L’adoption définitive, le 10 novembre, de la directive sur le rapportage de soutenabilité (Corporate Sustainability Reporting Directive, ou directive CSRD), rendue obligatoire pour 50 000 entreprises européennes, va dans ce sens. Ces règles se déploient sur fond de pressions sociales croissantes, notamment les actions publiques d’Extinction Rebellion, les nouveaux enseignements pour le monde des affaires prônés par le Shift Project, les feuilles de routes des 150 dirigeants de la Convention des entreprises pour le climat… Le virage politique n’est pas encore tangible mais on peut relever que la Cop 27 s’est achevée samedi avec la création d’un Fonds de soutien aux pays les plus vulnérables au changement climatique, abondé pour l’heure à hauteur de 210 millions d’euros, laissant espérer que les pays riches assument désormais leur responsabilité dans le dérèglement climatique. C’est une étape, mais elle ne suffira pas, puisque c’est l’architecture du financement de l’adaptation au dérèglement climatique qu’il faut revoir.

Le seul horizon tenable est bien de rendre nos activités compatibles avec la biosphère. Travailler à l’écocompatibilité des produits et des services mis sur le marché devrait être une mission présente au cœur de chaque entreprise. Ce n’est pas seulement une position morale : le déclin possible de la fertilité humaine sous l’effet des cocktails de substances chimiques montre que c’est aussi, très pragmatiquement, une nécessité quasi vitale.

Contribuer par la comptabilité socio-environnementale

A Tek4life, nous accompagnons les organisations pour mesurer, prendre en charge et réduire leurs impacts sur la santé et l’environnement, en lien avec les organisations scientifiques et les ONG, en adoptant de nouvelles pratiques et en révisant leurs modèles d’affaires. Nous proposons de tirer parti des méthodes de comptabilité écologique en développement pour inclure les coûts de prévention et de réparation dans les comptes des organisations, ce qui leur permettrait de mieux anticiper les risques auxquels elles sont confrontées et de définir une trajectoire soutenable.
 
A ce sujet, la dernière formation aux comptabilités écologiques réalisée par Tek4life avec le cabinet Kairos (les 20 octobre et 17 novembre) a été une belle réussite. Notre prochain parcours aura lieu les jeudis 9 et le 30 mars 2023. Ces formations montrent qu’il n’est pas aisé de passer de la reconnaissance de la valeur du vivant (une forêt, une rivière, une population d’oiseaux…) à un prix qui permet de garantir les moyens de sa protection. La comptabilité écologique suppose de comprendre les interdépendances et de prendre sa part dans le maintien des biens communs qui soutiennent la production. L’intention contributive est fondatrice de cette démarche d’expérimentation.
 
L’Alliance ComptaRegeneration (ACR), fondée par Tek4life, est un des creusets où se poursuit cette réflexion. Après trois années centrées sur le repérage des acteurs, des enjeux et controverses (voir la Cartographie publiée en mars 2021), l’ACR propose un espace d’entraide, de coopération, d’inspiration pour cerner comment les rôles de chacun évoluent face aux risques environnementaux. Nous voulons aider les acteurs à s’emparer des outils de comptabilité écologique pour anticiper les gains et pertes de valeur et pour envisager une co-gestion des communs. Nous accueillons actuellement de nouveaux adhérents et sommes à votre écoute pour vous embarquer si vous vous sentez concerné…

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